SALIES DE BEARN SAUVETERRE DE BEARN
Forteresse de Morlanne
LE CHÂTEAU DE MORLANNE (II)
- DE LA RENAISSANCE AU MUSÉE -

Le Château de Morlanne, après ses heures glorieuses du Moyen-Âge, est transformé par ses propriétaires successifs en résidence et perd sa vocation militaire. À partir du XVIIIème siècle, le bâtiment n'est plus entretenu, est abandonné et finit par tomber en ruines. - lire la première partie...
Les ruines du Chateau de Morlanne
Le Château de Bellocq en Béarn au début du XXème siècle
Le château en ruines envahi par la végétation - carte postale
La renaissance du château : C'est dans les années 1940, que maître Raymond Ritter, un avocat originaire de Bordeaux ayant épousé une béarnaise, découvre le Château de Morlanne dans un état de délabrement très avancé. Malgré la décrépitude des murailles envahies par les ronces, il tombe immédiatement amoureux du lieu.

Raymond Ritter est un homme lettré, une personnalité puissante aux facettes multiples. Archéologue et mécène d'art, il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages sur la région et son histoire et fondera bientôt la revue "Pyrénées". Raymond Ritter achète les ruines de Morlanne en 1947 et programme un ambitieux plan de réhabilitation de l'édifice.

Raymond Ritter et son épouse Hélène décident de restaurer leur château médiéval dès son acquisition mais les travaux pour redonner à la forteresse de Morlanne sa splendeur d'antan ne commencent véritablement qu'en 1969. Les travaux de remise en état de la forteresse vont être considérables, cependant grâce à la volonté, la passion et la patience des propriétaires pour l'endroit, la forteresse moyennageuse de Morlanne va finalement renaître au début des années soixante-dix. Des entreprises locales béarnaises sont mises à contribution pour le gros œuvre.
Architecturalement, Raymond Ritter et son épouse sont déterminés à remettre en valeur tout ce qui faisait la magnificence de l'édifice du XIVème siècle, aussi la restauration va suivre scrupuleusement les règles de construction qui prévalaient au Moyen-Âge. Cette réhabilitation remarquable de rigueur historique va effectivement redonner au Château de Morlanne l'aspect initial qu'avait la forteresse médiévale à la glorieuse époque de Gaston Fébus et de son architecte Sicard de Lordat.
- en savoir plus sur Gaston Fébus...

La tour du chateau de Bellocq-Puyoo - Bearn
L'aspect actuel du Château de Morlanne
Le donjon-porte après sa restauration
La restauration de la forteresse : Les travaux de rénovation du Château de Morlanne commencent par le déblaiement des douves et l'organisation de jardins agencés praticables. S'en suit une remise en état complète du couronnement défensif de la muraille vers l'ouest à partir du donjon : crénaux, merlons et machicoulis sont ainsi recréés. Les nombreuses ouvertures d'agrément, fenêtres et portes, pratiquées au fil des siècles dans la partie du mur d'enceinte jouxtant le flanc côté est du donjon sont fort judicieusement obturées.

Dans la cour intérieure, un bâtiment contemporain doté d'un appentis avec tuiles creuses et murs enduits est élevé. Ce petit batiment sert de nos jours de bureau d'accueil pour les visites organisées du château. Le corps de logis en briques à deux étages carrés est partiellement rénové et une partie des bâtiments disparus au sud-ouest de la cour est aussi reconstituée.

Enfin, la partie supérieure du donjon-porte, jadis rasée par l'un des nombreux propriétaires antérieurs du château, est entièrement reconstruite. Ce magnifique donjon d'entrée, finalement rehaussé, crénelé, et agrémenté désormais d'une échauguette est achevé en 1970. La structure atteint désormais une hauteur de 25 mètres et arbore fièrement depuis quelques années un oriflamme aux couleurs du Béarn, de sang et d'or (rouge et jaune) à son sommet.

Le Château de Morlanne redevenu habitable, le couple Ritter amènage le lieu en y installant une précieuse collection d'œuvres d’art. À l'époque, la collection Ritter de Morlanne comprend un mobilier de la Renaissance, des XVIIème et XVIIIème siècles, dont un superbe bureau de dame en laque rouge et un secrétaire marqueté à décor révolutionnaire. Sont également présentes de nombreuses sculptures, des armes de toutes sortes et quantité d’objets rares dont une superbe collection d'éventails. À l'époque, Raymond et Hélène Ritter meublent chaque pièce dans un style prècis qui reflète une époque déterminée de l'histoire (on retrouve la même démarche chez Monsieur et Madame Serbat propriétaires du Château de Laàs, plus au sud du Béarn).

Le chateau de Bellocq et le gave de Pau
Raymond Ritter de Morlanne
Le sauveur du château
La collection de peintures : Parmi les nombreux tableaux de la collection des époux Ritter, on note des toiles remarquables attribuées à de grands maîtres de la peinture tels Canaletto, Pannini, Snyders, Nattier, Colson, Lépicié, Roslin ou encore Fragonard. Une salle entière du Château de Morlanne est entièrement réservée à l’œuvre du peintre expressionniste palois René Morère (1907-1942). Cet artiste contemporain, grand ami du couple et avec qui Raymond Ritter entretiendra une correspondance suivie, réalisera d'ailleurs des portraits des propriétaires du lieu.

En 1971, le couple Ritter, sans enfants, décide de léguer le Château de Morlanne et toute la fortune artistique et culturelle qu'il abrite au département des Pyrénées Atlantiques. Le montant financier englobant le château, ses dépendances, ses meubles et la collection d'œuvres d'art est évalué à l’époque à 2 500 000 Francs. Malheureusement Raymond Ritter ne profitera que peu longtemps de son château-fort restauré, il décède en 1974. Son épouse Hélene, en revanche, demeurera toujours dans les lieux jusqu'à un âge avancé et s'éteindra à son tour en 2003.

En 1975, soit un an après le décès de Raymond Ritter, le Château-fort de Morlanne est enfin inscrit aux Monuments Historiques. Au début du XXIème siècle, des termites sont découvertes dans le donjon et les parasites destructeurs gagnent peu à peu les étages supérieurs. Après la disparition de Hélene Ritter, la chatelaine, la collection de meubles, les peintures et le reste des collections sont évacuées afin qu'elles ne soient menacées. Les parties de l'édifice contaminées sont à l'heure actuelle en cours de traitement et momentanément interdites de visite, cependant, fort heureusement le rez-de-chaussée de la forteresse, devenu un musée, est toujours accessible au public.

lire la première partie : LE CHÂTEAU SOUS GASTON FÉBUS

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