LE CHATEAU MEDIEVAL LE TEMPLE
Bellocq bastides Pyrénéennes en Béarn
LA BASTIDE DE BELLOCQ
- LES BASTIDES BÉARNAISES DANS LES PYRÉNÉES -

Le bastide de Bellocq est la plus ancienne des bastides béarnaises. Située au bord du Gave de Pau, dans les Pyrénées Atlantiques, elle fut créée en 1281 par la volonté de Gaston VII, seigneur du Béarn. Son plan d'agencement et ses maisons sont typiques des bastides médiévales pyrénéennes.
Bastide médiévale de Bellocq - Pyrénées
Plan de la bastide de Bellocq en Béarn (Pyrénées Atlantiques)
Réalisé d'après un plan de Lionel Dupuy, chargé de projet CDDP 64
Histoire de la bastide : Le site de Bellocq est stratégiquement placé sur le Gave de Pau, principal accès fluvial au Béarn. En 1250, Gaston VII de Moncade, seigneur du Béarn, décide d'y édifier un château destiné à protéger les abords de sa nouvelle résidence Orthez. Trente ans plus tard, en 1280, la construction de la forteresse aux sept tours est achevée. - en savoir plus sur le château...

Afin d'attirer une population nouvelle et augmenter les capacités de défense du lieu, Gaston VII fonde un an après une bastide à proximité de la forteresse.
Contemporaine de la création de la bastide, l'église est fortifiée et fait partie intégrante des défenses du lieu. Son clocher est un véritable donjon et une tour de guet non négligeable sur la frontière occidentale de la Vicomté de Béarn. - en savoir plus sur l'église...

À cette époque, la bastide de Bellocq dépend administrativement du bailliage de Ribère-Gave et jouit des franchises et privilèges des "Fors de Morlaàs". Cette charte, crée par Guillaume-Raymond de Moncade en 1220, représente une chance de vie meilleure (relative) pour les habitants des cités qui en bénéficent.

La bastide de Bellocq présente un plan régulier, fait d'une succession de "lots" que chaque serf nouvellement affranchi se voit attribuer à son arrivée sur le site. Ce bout de terrain est appelé "ayral" et est destiné à recevoir la maison, la cour et, derrière, un jardin. La personne qui se le voit remettre dispose d'une année pour y édifier sa construction. La parcelle se présente toujours sous une forme rectangulaire, beaucoup plus longue que large (voir le plan ci-dessus). Hors les murs de la bastide, le nouvel affranchi peut ou non recevoir des terres en complément. Ces terrains de culture, appelés arpents, ceinturent toute la bastide. Ils sont "extra-muros". À Bellocq, beaucoup de ces arpents sont consacrés à la culture de la vigne. - en savoir plus sur le vin de Bellocq...

Les maisons de Bellocq : Comme dans la plupart des bastides, pyrénéennes ou non, l'architecture des maisons de Bellocq dépend du parcellaire qui est établi sur la base du triangle de Pythagore. Ce sont des rectangles au sol d'environ, 7 à 8 mètres de façade (la portée économique maximale d'une poutre en bois) sur 20 mètres de profondeur. Dés lors, bien évidemment, la maison construite dessus ne peut se développer qu'en longueur. Ceci implique des pièces successives, celle de devant généralement utilisée comme boutique, et celle du milieu, obscure, faisant office d'arrière boutique. Vues du ciel les maisons apparaissent ainsi comme de longues bandes minces et étroites prolongées de jardins.

L'église de Bellocq en Bearn
Maison typique de Bastide
avec un faîtage parallèle à la rue
Toute maison de bastide a un problème de luminosité des pièces du milieu à résoudre, que ce soit au rez de chaussée ou au premier étage. En effet, quelque soit son ampleur au sol, une maison construite dans une bastide doit obligatoirement comporter un étage en plus de son rez-de-chaussée. C'est là une contrainte imposée, défense de la cité oblige. L'étage de la maison est réservé à l'habitat : salle à vivre donnant sur la rue et chambres à coucher derrière. Certaines bâtisses ont recours à un puits de jour au centre pour palier le manque de clarté, cette ouverture étant pratiquée généralement au dessus de l'escalier menant à l'étage.
Seules les maisons d'angle, au croisement de deux rues, dérogent à l'étroitesse des parcelles. La parcelle d'angle, de dimension variable mais plus large et moins profonde, permet une ou plusieurs constructions bénéficiant de deux ou trois façades éclairées.

À l'origine, les maisons des bastides sont le plus fréquemment séparées les unes des autres par des "andrones" (ou entremis), un espace de 20 à 40 cm de large, mitoyen entre deux maisons voisines. Cet espace facilite l'écoulement des eaux de toiture et les eaux usées et permet d'éviter qu'un éventuel incendie se propage aux édifices voisins. À Bellocq, cependant, les façades "sur rue" des maisons sont, certes alignées, mais le plus souvent jointives, donc sans andrones. Leurs murs sont en pierres, et bien souvent les galets du Gave de Pau ont également servi de matériau pour leur construction.

Les maisons de la bastide disposent d'un faîtage qui est, selon les endroits, parallèle à la rue ou perpendiculaire c'est à dire avec "pignon sur rue". À Bellocq, la tuile ou l'ardoise sont indiféremment utilisées pour recouvrir le toit, avec cependant une prépondérence pour la première. Les façades extérieures, sur rue, sont généralement d'aspect un peu austère et généralement dépourvues de balcons au contraire de celles, internes, à galeries, à appendices, qui donnent sur les jardins.

Le jardin de la maison : Au Moyen-Âge, cet endroit est nécessairement un jardin-verger-potager. C'est aussi dans le jardin que se trouvent les petits élevages (poules, oies, cochons), les latrines et parfois aussi une petite remise. Le jardin est un lieu caché de la rue, mais visible des maisons voisines qui ont directement vue sur le lieu. En bout de ce jardin, un petit ruisseau ou un simple fossé le délimite de celui d'en face. Cependant, la rubrique XCII du For de Morlaàs précise : "Tout homme doit fermer le derrière de sa maison de pieux de bois et le seigneur, les portes du bourg". De ce fait, l'habitant dresse souvent une palissade pour déliminer son espace.
De nos jours, un mode de clôturage léger, piquets et fil de fer grillagé, a très souvent été mis en place pour séparer les propriétés. Au Moyen-Âge, seules quelques grosses maisons ont leur jardin enchâssé entre des murs de pierre. Certains jardins possèdent un puits privé, mais à cette époque la population de Bellocq est essentiellemnt alimentée par le Gave, le ruisseau le Gléès, et par deux puits communaux. Aujourd'hui, un seul de ces puits existe encore, situé au centre du village, au fond d'une impasse.

Note : Cette page sur la bastide de Bellocq n'aurait pu être réalisée sans des emprunts importants à trois sites internet remarquables qui méritent une visite : Celui de Lionel Dupuy, un site sur les bastides des Pyrénées Atlantiques, illustré de nombreux plans et schémas : http://crdp.ac-bordeaux.fr/cddp64/bastides/bastides64.htm
Celui, incontournable, de Georges Odo, et ses nombreuses pages à l'icônographie abondante pour qui veut mieux connaître l'histoire passionnante des bastides françaises. Site :
http://bastidess.free.fr
Et enfin un article extraordinaire "Les Jardins Potagers en Pyrénées" de Ariane Bruneton-Governatori, chargée de cours à l'université de Pau et chercheur associée au C.N.R.S. L'article parut dans la revue "Terrains" en 1986, mais est désormais disponible sur le web : http://terrain.revues.org/document2894.html
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